12/20/2012 11:17 GMT
WALUNGU (RDCongo), 20 déc 2012 (AFP) - Les habitants du territoire aurifère de Walungu, dans l'est de la République démocratique du Congo, vivent constamment dans la crainte d'attaques des groupes armés qui pillent les minerais de l'exploitation artisanale - profitant du faible déploiement de l'armée, occupée à mater une rébellion plus au nord.
"Nous vivons dans la peur ici, à Walungu, car nous sommes près du carré minier de Mukungwe. Dernièrement, des groupes armés ont attaqué et emporté 17 personnes en forêt", accuse Joseph, un enseignant,.
Les groupes armés sont accusés de régulièrement piller les marchés autour des carrés miniers pour s'approvisionner en produits de première nécessité, et de forcer des habitants à transporter leur butin - dont l'or récolté par les creuseurs artisanaux.
Walungu est un territoire de la province du Sud-Kivu, situé à environ 50 km à l'ouest de la capitale provinciale Bukavu. Sa superficie de 1.800 km carrés abrite 650.000 habitants qui vivent essentiellement de l'agriculture - une activité très perturbée à cause de l'insécurité devenue quasiment chronique.
"On ne comprend pas comment on peut abandonner des groupements entiers sans militaire des FARDC (Forces armées congolaises) dans une zone où les groupes armés sont devenus encore plus actifs, poursuit Joseph. Dans les collines qui surplombent notre groupement, on signale la présence des FDLR."
La rébellion hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), active en RDC, est accusée par Kigali pour son rôle présumé dans le génocide de 1994 contre les Tutsi qui a fait 800.000 morts, selon l'ONU. Les FDLR sont souvent accusées d'exactions (viols, massacres...) contre les civils.
Pasteur Kurhengamuzimu, chef coutumier et un des responsables du carré minier nuance: les FARDC ne sont pas totalement absents. "Il y a quelques militaires qui veillent dans la mine mais le groupe armé (FDLR) les a surpris la nuit du 1er décembre: il a pillé dans plusieurs boutiques et emporté 8.200 dollars".
"La menace est toujours là. Nous demandons que les éléments FARDC viennent renforcer ici", ajoute Pasteur Kurhengamuzimu.
L'armée combat depuis mai le Mouvement du 23 mars (M23) dans la province voisine et instable du Nord-Kivu. Pour défaire ces rebelles - accusés par l'ONU d'être soutenus par le Rwanda et l'Ouganda voisins, ce que nient ces pays - des militaires du Sud-Kivu, notamment, ont été déployés en renforts au Nord-Kivu.
La nature ayant horreur du vide, des groupes armés ont saisi l'occasion de gagner du terrain. Constat valable pour les FDLR et pour diverses rébellions et milices locales qui, comme certains soldats de l'armée, se disputent le contrôle des mines.
"Je regrette la passivité des autorités, surtout en cette période de fortes pluies. Plusieurs familles vivant près de mines passent la nuit à la belle étoile", se tenant prêtes à fuir en cas d'"attaques d'hommes armés"", souligne un notable, sous couvert de l'anonymat.
"Nous sommes conscients du nombre réduit des militaires dans certains terrritoires du Sud-Kivu compte tenu de la guerre au Nord-Kivu, c'est pourquoi nous demandons aux jeunes de se faire enrôler dans l'armée", affirme un officier supérieur de l'armée.
Déjà, "des comités locaux de surveillance des abus des droits de l'Homme dans et autour des carrés miniers" ont été mis en place avec l'aide de l'Observatoire Gouvernance et Paix, indique Eric Kajemba, coordonnateur de cette ONG qui travaille depuis plusieurs années sur le secteur des mines.
Il ajoute que dans le territoire de Kalehe, à environ 110km au nord de Bukavu, le travail dans les mines n'est plus inquiété par des groupes armés et que "la certification des minerais", c'est-à -dire la traçabilité de minerais extraits de sites sans présence de groupes armés, qu'espère généraliser Kinshasa, "commence à se faire dans les normes requises".
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