Accompagné du représentant du PAM en RDC, Martin Ohlsen, et de celui du HCR, Stephano Severe, l’ambassadeur de France en République démocratique du Congo, M. Luc Hallade, s’est rendu les 10 et 11 septembre au nord Kivu, dans la capitale provinciale de Goma devenue un refuge pour plusieurs milliers de personnes déplacées du nord Kivu.
par Fabienne Pompey
Un jeune enfant, les pieds enflés, l’un des signes de malnutrition, fait la queue avec sa maman devant le centre de nutrition que le PAM fournit en vivres et suppléments alimentaires thérapeutiques dans le camp de Mugunga 3, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord Kivu.
A quelques mètres de là, une maman, un enfant dans les bras, l’autre au dos, pleure tout en racontant son histoire, celle de son troisième enfant qu’elle a perdu dans la forêt alors qu’elle fuyait les attaques d’un des groupes armés qui pullulent dans la région.
Histoire dramatique
Chaque mère, père, grand parent, enfant, a une histoire dramatique faite de violences, de pillages, d’incendies, de viols et de meurtres. Le camp de Mugunga accueille 14 000 personnes qui ont fui les assauts des groupes armés. Ils bénéficient, entre autre, de l’assistance alimentaire du PAM. La France a été l’un des premiers pays à répondre à l’appel du PAM pour contribuer à sa nouvelle opération d’urgence, qui couvre désormais cinq provinces de l’Est congolais gravement affectées par d’importants mouvements de population.
La donation de la France, un million d’Euros, servira à acheter des biscuits à haute valeur énergétique, que le PAM distribue en première urgence quand arrive une nouvelle vague de déplacés. Elle sera également utilisée sous forme de «bons d’achat alimentaire», ces coupons que le PAM distribue aux personnes vulnérables pour qu’elles achètent directement sur les marchés locaux lorsque ceux-ci sont suffisamment achalandés, les vivres dont elles ont besoin.
"Communauté humanitaire mobilisée et soudée"
«Je tenais à me rendre dans un camp de déplacés. Ici, il y avait 2 500 personnes il y a quelques mois, il y en a aujourd’hui 14 000. Je vois aujourd’hui à quel point le défi à relever est énorme», a déclaré l’ambassadeur de France à l’issue de sa visite. L’arrivée récente et massive de nouveaux déplacés a provoqué une détérioration des conditions de vie des familles due au manque d’infrastructures sanitaires adéquates.
Pendant près de trois heures, l’ambassadeur a rencontré et écouté les déplacés, et a pu constater tous les efforts que les agences des Nations unies, le PAM, le HCR et l’Unicef, et leurs partenaires sur le terrain déploient pour assurer à ces personnes le minimum vital. «La communauté humanitaire demeure mobilisée et particulièrement soudée», a souligné l’ambassadeur français.
Le Nord Kivu compte à lui seul plus de 250 000 personnes déplacées en 2012, selon OCHA. Ce qui porte à quelque 650 000 le nombre de congolais qui ont fui leur village d’origine dans cette province depuis 2009. Les autres provinces de l’Est ne sont pas épargnées, le Sud Kivu, avec près de 300 000 déplacés, le Nord du Katanga, 170 000, ou la province Orientale.
A l’instar de la France, plusieurs pays ont déjà contribué aux efforts du PAM, et la mobilisation de tous est plus que jamais nécessaire afin d’assurer la continuité de ses opérations d’urgence, des distributions de vivres ou de bons d’achat, de soutien aux enfants et aux femmes souffrant de malnutrition.