Depuis le dernier Bulletin d’information sur les flambées épidémiques publié le 23 mai 2018, six cas supplémentaires de maladie à virus Ebola ont été confirmés en laboratoire en République démocratique du Congo. Les informations obtenues dernièrement ont permis d’actualiser la classification de certains cas.1 .
Du 4 avril au 27 mai 2018, un nombre total de 54 cas de maladie à virus Ebola (MVE), parmi lesquels 25 cas mortels (taux de létalité pour les cas confirmés et probables = 46%), avaient été signalés dans trois zones de santé de la province de l’Équateur. Ce total comprend 35 cas confirmés, 13 cas probables et six cas présumés dans les trois zones de santé: Bikoro (n=22; 10 confirmés, 11 cas probables et un cas présumé), Iboko (n=27 ; 21 confirmés, 2 cas probables et 4 cas présumés) et Wangata (n=5; 4 confirmés et un cas présumé) (Figure 3).
Sur les 4 cas signalés à Wangata, 2 ont un lien épidémiologique avec un cas probable observé à Bikoro en avril 2018. Le cas présumé de maladie à virus Ebola signalé dans la zone de santé de Ntondo le 25 mai s’est avéré négatif et a été écarté. Cinq agents de santé figurent parmi les 54 cas signalés. Au 28 mai, 74% des 992 contacts enregistrés font l’objet d’un suivi. La Figure 1 indique la date d’apparition de la maladie pour 46 cas confirmés et probables, du 5 mai au 25 mai 2018.
Pour l’ensemble des cas, la fourchette des âges va de 8 à 80 ans et l’âge médian est de 41 ans. 60% des cas sont des hommes (Figure 2). La Figure 2 montre la répartition selon l’âge et le sexe de 47 cas confirmés et probables. La Figure 3 indique la localisation des cas confirmés, probables et présumés par zone de santé.
Dans 2 cas, la date d’apparition de la maladie est inconnue.
Dans un cas, l’âge n’est pas connu.
Action de santé publique
Le Ministère de la santé dirige la riposte dans les zones de santé touchées avec le soutien de l’OMS et de partenaires. Les priorités sont notamment le renforcement de la surveillance et la recherche des contacts, les moyens de laboratoire, la lutte anti-infectieuse, la prise en charge des cas, la participation des communautés, l’inhumation des défunts en toute sécurité et dans la dignité, la coordination de la riposte et la vaccination.
Depuis le lancement de la campagne de vaccination le 21 mai, 462 personnes au total ont été vaccinées. Les populations pouvant bénéficier de la vaccination en anneau sont les agents de santé intervenant en première ligne, les personnes qui ont été exposées à des cas confirmés de maladie à virus Ebola et les contacts de ces contacts.
L’OMS continue à renforcer les activités de surveillance et de recherche des contacts. Le 23 mai 2018, 40 membres du personnel des établissements de santé au total avaient été formés à Mbandaka à l’utilisation de l’outil de collecte des données sur le terrain (système d’alerte et d’intervention rapide (EWARS)) pour la notification rapide des alertes et des cas présumés de MVE, et le suivi des contacts. Les activités de prise en charge des cas, de prévention et de lutte contre l’infection continuent à prendre de l’ampleur et des unités de traitement d’Ebola sont mises en place, approvisionnées et dotées en personnel dans les zones touchées. L’OMS coordonne le déploiement de nombreuses équipes médicales pour soutenir les centres de traitement Ebola, le système d’orientation des cas, et pour aider les établissements de santé à rester ouverts pour les soins autres que ceux de la maladie à virus Ebola. Les soins aux patients qui sont des cas présumés ou confirmés de MVE sont actuellement fournis par Médecins sans frontières à Bikoro et Wangata où des centres de traitement Ebola ont été installés.
L’OMS, l’UNICEF et leurs partenaires secondent le Ministère de la santé dans son travail de sensibilisation et dans sa collaboration avec les communautés touchées pour favoriser la détection précoce des signes et symptômes de maladie à virus Ebola, la consultation sans retard des services de santé et l’inhumation des défunts en toute sécurité et dans la dignité. La communication de messages clés dans les églises, les écoles, sur les marchés et en faisant du porte-à-porte dans les foyers est la principale approche utilisée pour sensibiliser la population à la maladie à virus Ebola à Mbandaka, Wangata, Bikoro et Itipo.
Au 29 mai, l’OMS avait déployé un effectif de 156 experts techniques pour soutenir les efforts d’intervention dans les trois zones sensibles de Bikoro, Iboko, et Wangata (ville de Mbandaka). Elle collabore avec les partenaires et les réseaux techniques du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (GOARN), y compris le Réseau pour l’évaluation clinique des maladies émergentes et l’action (EDCARN) et le Réseau de laboratoires travaillant sur les agents pathogènes émergents et dangereux (EDPLN), pour coordonner la planification de la riposte et pour fournir un appui technique supplémentaire. Au 28 mai, 15 experts des partenaires du GOARN étaient mobilisés par l’intermédiaire de l’OMS pour appuyer les interventions sur le terrain.
En collaboration avec ses partenaires (l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC)), l’OMS procède à l’évaluation des points stratégiques clés d’entrée/de sortie du territoire à Mbandaka, Bikoro, Iboko, et Kinshasa, y compris dans les aéroports internationaux et principaux ports. Des mesures de dépistage à la sortie du territoire ont été mises en place et seront renforcées dans le but de prévenir la propagation internationale de la maladie.
L’OMS améliore les activités de préparation dans neuf pays voisins: Angola, Burundi, République centrafricaine, République du Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie, Ouganda et Zambie. Parmi les activités entreprises figurent le déploiement des équipes d’aide à la préparation dans huit des neuf pays pour évaluer la préparation à la menace de la maladie à virus Ebola au moyen d’un outil standard et contribuer à l’élaboration de plans d’urgence, avec les partenaires.
Évaluation du risque par l’OMS
Le cas confirmé à Mbandaka, grand centre urbain situé sur d’importantes voies fluviales, terrestres et aériennes sur le plan national et international, augmente le risque de propagation en République démocratique du Congo et dans les pays limitrophes. L’OMS a donc évalué le risque pour la santé publique et estime qu’il est très élevé au niveau national et élevé au niveau régional. Neuf pays limitrophes, dont le Congo-Brazzaville et la République centrafricaine, ont été avisés que le risque de propagation sur leur territoire était élevé, et des activités de préparation à cette éventualité sont en cours. Au niveau mondial, le risque demeure faible actuellement. L’évaluation du risque est constamment revue à mesure qu’on obtient de nouvelles informations.
Compte tenu de la situation actuelle et des informations disponibles, le Directeur général de l’OMS a convoqué un Comité d’urgence en vertu du Règlement sanitaire international (RSI) (2005) le vendredi 18 mai pour obtenir un avis sur la question de savoir si la flambée actuelle constituait une urgence de santé publique de portée internationale.3 Le Comité a estimé qu’à l’heure actuelle, les conditions d’une urgence de santé publique de portée internationale n’étaient pas réunies.
Recommandations de l’OMS
Se fondant sur l’avis donné par le Comité d’urgence, convoqué par le Directeur général le 18 mai 2018, l’OMS continue à déconseiller l’application de toute restriction aux voyages ou au commerce. Elle continue à surveiller les mesures relatives aux voyages et au commerce prises en rapport avec cet événement et, pour l’instant, il n’y a aucune restriction au trafic international. Le Comité d’urgence, tout en notant que les conditions d’une urgence de santé publique de portée internationale n’étaient pas réunies à l’heure actuelle, a formulé un ensemble de recommandations de santé publique.
Déclaration sur la première réunion du Comité d’urgence du RSI
L’OMS a publié des recommandations relatives à la flambée actuelle de maladie à virus Ebola à l’intention des voyageurs internationaux.
1Le nombre total de cas peut changer en raison de la reclassification en cours, de l’investigation rétrospective et de la disponibilité des résultats de laboratoire. Les données indiquées dans les bulletins d’information sur les flambées épidémiques sont les informations officielles transmises par le Ministère de la santé.
2Les limites et noms figurant sur cette carte ainsi que les appellations employées n’impliquent de la part de l’OMS aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les traits discontinus formés d’une succession de points ou de tirets sur les cartes représentent des frontières approximatives dont le tracé peut ne pas avoir fait l'objet d'un accord définitif.
3« Urgence de santé publique de portée internationale » s’entend d’un événement extraordinaire dont il est déterminé, comme prévu dans le Règlement sanitaire international: i) qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies; et ii) qu’il peut requérir une action internationale coordonnée. Règlement sanitaire international (2005).