10/31/2012 11:11 GMT
BUKAVU (RDCongo), 31 oct 2012 (AFP) - L'appel à une journée "ville morte" pour protester contre l'insécurité à Bukavu, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), était bien suivie mercredi matin, bien que les autorités eurent appelé à ne pas en tenir compte, a constaté l'AFP.
Samedi, la coalition d'ONG Société civile du Sud-Kivu avait appelé à l'arrêt des activités dans la ville, pour manifester son "ras-le-bol" après plusieurs assassinats. Il s'agissait aussi de soutenir le gynécologue Denis Mukwege, pionnier du traitement des femmes victimes de violences sexuelles en RDC, qui a échappé à une tentative d'assassinat le 25 octobre et s'est réfugié au Burundi.
La Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC) avait, pour sa part, demandé de ne pas suivre le mot d'ordre de "ville morte" - une annonce qui avait créé une certaine confusion chez les habitants, qui hésitaient à écouter les autorités ou la société civile.
Mercredi à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, des enfants se sont rendus à l'école, avant d'être renvoyés chez eux, la plupart des établissements étant fermés. "La sécurité nous concerne tous", a justifié Roger Matabaro, secrétaire provincial du Syndicat des enseignants du Congo.
Yves était prêt à faire grève mais il n'a eu d'autre choix que d'assurer ses cours: "Je suis en train d'enseigner malgré moi car le préfet (directeur) de mon école a dit qu'il était tracassé chaque fois que nous ne suivions pas le mot d'ordre des autorités".
De nombreux magasins et stations d'essence restaient fermés ou tournaient au ralenti. Plusieurs personnes n'avaient "pas le coeur à l'ouvrage", mais disaient être allées travailler après des "intimidations", des "menaces" de leurs employeurs. D'autres, à l'inverse, n'avaient pu travailler faute de moyen de transport.
L'hôpital Panzi, fondé par le gynécologue Denis Mukwege, a également suivi le mot d'ordre de la société civile. "Nous avons organisé un service minimum pour soutenir l'action", a déclaré Ephrem Bisimwa, en charge de la communication.
"Moi et les autres vendeurs, nous avons décidé de rester à la maison car si on ne se prend pas en charge, nous allons tous mourir de cette insécurité. Les autorités n'ont apparemment pas de souci par rapport à ça", a déploré de son côté une vendeuse de poissons, Nabintu, au grand marché de Kadutu, le plus grand de Bukavu. "Non loin de ce marché, on a tué il y a quatre jours un tenancier de boutique. L'insécurité se multiplie", a-t-elle ajouté.
"Je suis de tout coeur avec la société civile. Mais je vais travailler jusque 13H00 (11H00 GMT), histoire de trouver plus de 10 dollars car ma femme est malade et à l'hôpital", a déclaré Pitchen Bahati, chauffeur de taxi.
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