08/01/2013 17:17 GMT
Par Stéphanie AGLIETTI
GOMA, 1 août 2013 (AFP) - "Ce que nous voulons, c'est la paix", explique Barthélémy qui, comme de nombreux habitant de Goma, dans l'Est de la République démocratique du Congo, se montre prudent au sujet de l'efficacité de l'ultimatum lancé par la force de l'Onu aux groupes armés pour qu'ils désarment.
La Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) a demandé mardi aux groupes armés actifs dans la région de désarmer et entamer leur démobilisation avant jeudi 16h00 (14h00 GMT). Selon elle, plusieurs personnes l'ont approchée pour se rendre et ainsi éviter d'être désarmées de force.
Mais cet ultimatum vise principalement le Mouvement du 23 mars (M23) qui, selon la Monusco, menace Goma, et qui, mercredi, à déjà déclaré qu'il n'était pas "concerné" par la mise en garde de la Monusco.
La fin de l'ultimatum faisait les gros titres des journaux écrits et radio mais la vie active de la capitale provinciale du Nord Kivu se poursuivait.
A la "petite barrière", l'un des deux postes frontière avec le Rwanda, des commerçants venus de Goma attendaient pour aller vendre leurs marchandises dans le pays voisin.
En face, des camions chargés d'eau et de sacs traversent vers Goma, au milieu des tchukudus (trottinettes en bois), carrioles et des motos taxi qui hèlent les clients.
"Ce que nous voulons, c'est la paix (...) surtout que bientôt c'est la rentrée scolaire", souligne Barthélémy, un enseignant qui dit être au chômage à cause de l'instabilité qui frappe la province riche et instable du Nord-Kivu.
Au poste frontière, Rose estime qu'il faut sortir de l'"incertitude" permanente. "On ne sait jamais ce qui nous attend le lendemain (...) ça a un impact sur le commerce ici. Les gens ont peur d'amener leur marchandises", dit-elle.
Un peu plus loin, deux hommes sont assis devant une petite boutique. Ils ne souhaitent pas s'exprimer. L'un finit néanmoins par s'expliquer. "On en a marre de parler de tous ces problèmes. Ca fait des années. Au Mali, la crise a été résolue très rapidement, mais ici la communauté internationale ne fait rien."
A ses côtés, son ami reste muet et garde un regard fuyant pendant que quelques soldats de la Monusco, sac à dos sur le dos, marchent calmement dans la petite rue.
Après le désarmement, la Monusco doit assurer la sécurisation de la zone Goma-Saké, forte d'un million d'habitants, dont des dizaines de milliers de déplacés de guerre. Elle sera assistée par sa brigade d'intervention, chargée de combattre les groupes armés de l'Est congolais, dont ce sera la première opération.
Pour la Monusco, le Mouvement du 23 mars (M23) représente une menace directe sur Goma, qu'il avait occupée fin novembre. Le 14 juillet, après environ deux mois de trêve, les combats ont repris entre le M23 et l'armée près de la capitale provinciale et des obus imputés au M23 on touché Goma.
"Eliminer la possibilité d'avoir ce genre de menace (des obus qui tombent sur Goma) dans une zone peuplée est le principal objectif. Nous devons créer les conditions pour que la population ait une vie normale, sans violence", a déclaré jeudi à Goma le général brésilien Carlos Alberto Dos Santos Cruz, commandant de la Monusco
Alors qu'une accalmie relative règne depuis une semaine, Rose partage ses doutes. "On espère que cet ultimatum sera réel. On a vu ce qui s'est passé en novembre. (...) La Monusco avait mis une ligne que le M23 ne pouvait pas franchir, selon eux. Mais ils sont entrés quand même à Goma", soupire-t-elle.
Le M23 a déclaré qu'il n'était "pas concerné" par l'ultimatum, ses positions n'étant "ni à Goma, ni sur l'axe Goma-Saké". "Comment ça il n'est pas dans la zone? On a dit que c'était jusqu'à 28 km, ils seraient au-delà de 28 km?", s'étonne Barthélémy.
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