Kinshasa, le 06 août 2013 (caritasdebv.cd) : « Grâce au travail du champ, j’ai pu acheter ma parcelle et y construire maison à Kinkole. Je paye aussi les études universitaires de deux de mes enfants pour qui je loue une maison le long du Boulevard Lumumba dans la Commune de Masina à Kinshasa», a déclaré avec fierté Mme Marie-Josée Ntodi de l’Association OMAKA.
Elle pratique l’agriculture sur l’axe DUMI-INKENE. Son association compte 18 membres dont 9 femmes. Elle travaille avec la Caritas-Développement Kinshasa depuis 2005 dans la multiplication des semences.
Elle faisait partie d’une cinquantaine de paysans partis de quatre localités environnantes (jusqu’à 80 km pour certains axes) pour participer à la restitution et adoption des résultats d’une étude sur la mise en place d’une coopérative agricole sur le Plateau des Bateke, menée quelques jours plus tôt par la Caritas dans leurs villages respectifs. L’événement s’était déroulé vendredi 26 avril 2013 en la salle de réunion de la paroisse St Eugène de Menkao, à 70 km de Kinshasa, en présence d’un représentant du Ministère de l’Agriculture et Développement Rural.
Cette rencontre a permis à caritasdev.cd de recueillir les témoignages de quelques paysans, comme Mme Mme Marie-Josée Ntodi, venue d’une soixantaine de km de Menkao. « Nous sommes une association multiplicatrice des semences. Nous cultivons le manioc, la rave, le maïs, l’arachide, et même le haricot, malgré la perturbation du climat », relève-t-elle. Et d’ajouter : « Ce travail nous permet de nous prendre en charge et de satisfaire à nos besoins fondamentaux. Par ailleurs, les diverses formations reçues de la Caritas m’ont ouvert l’esprit. C’est pourquoi j’ai su investir le fruit de mon travail notamment à payer les études de mes enfants, dont deux sont aujourd’hui à l’université, et à résoudre le problème de logement ». Il sied de souligner que ces paysans disposent des champs individuels, en dehors des champs collectifs desquels ils reçoivent de l’association leurs dividendes. A ceux qui chôment sans activités génératrices des revenus, elle conseille de prendre l’initiative de s’engager dans l’agriculture. « J’ai fait des études commerciales. Mais, dès lors que j’ai été initiée à faire le champ, tout est bien parti. J’estime même que je gagne mieux ma vie que si je m’étais cramponnée à chercher un emploi hypothétique de comptable», conclut Mme Ntodi.
Pasteur Désiré Makoko bénéficie de l’encadrement de la Caritas depuis 2000 à travers son association. « J’appartiens à l’association dénommée ‘Sambela Sala’, entendez Priez et travaillez. Caritas nous aide par diverses formations liées notamment aux techniques culturales, de transformation et de commercialisation des produits, l’octroi des outils aratoires et des semences améliorées », a-t-il indiqué de prime abord. M. Désiré Makoko, avec Mme Anto en arrière-plan, en la salle de réunion de la paroisse St EugèneCet appui de la Caritas a un impact direct sur leurs productions, et donc sur leurs revenus. « En tout cas avec Caritas, nous avons bien évolué. A titre illustratif, je sais déjà bien cultiver le manioc, choisir un bon terrain de culture et même rendre fertile un champ ne donnant plus de bonnes productions. Nous sommes devenus comme de petits agronomes», s’est-il réjoui.
En fait, l’appui de Caritas-Développement Kinshasa s’inscrit dans le cadre d’un programme quinquennal de sécurité alimentaire lancé depuis 2004, financé par Caritas International Belgique, suivi par un autre programme triennal (P3), remplacé par le P3bis, appuyé par le même bailleur des fonds.
« D’ailleurs, nous vivons très bien, de loin mieux que la plupart des habitants de Kinshasa »
L’impact de ce travail est très visible sur la vie de chacun des membres de son association : « Avant, certains de nos membres étaient des locataires. Aujourd’hui, nous avons pu nous acheter des parcelles et y construire des maisons, en tôles. Ce n’est pas peu de choses ». Aux personnes encore désœuvrées, Mr Désiré Makoko a un seul conseil : «Ils devraient s’investir dans l’agriculture, et de préférence en intégrant les associations ou en en créant de nouvelles. C’est une bonne manière de lutter contre la pauvreté ».
Maman Anto pratique l’agriculture à Inkene, localité située à 18 km de Menkao. Grâce à la culture du manioc, elle vend des cossettes de manioc (fufu), des chikwangues et d’autres denrées. «Ne nous fatiguons pas à faire le champ. Dieu connaît notre misère et nous ouvre d’autres opportunités, telle que cette coopérative agricole naissante sur le Plateau des Bateke », conseille-t-elle. A ses compatriotes qui se tournent inutilement les pouces dans un pays au sol fertile, Mme Anto recommande de continuer avec la vision de l’agriculture. Pour elle, c’est la voie ultime pour sortir de la misère et obtenir la bénédiction divine, même si elle reconnaît que ce n’est pas de tout repos. « L’agriculture paye très bien. Le début a toujours été certes difficile, mais l’on éprouve de la joie à récolter. Voilà pourquoi nous nous accrochons à l’agriculture. Ce n’est pas puisque nous sommes de vulgaires campagnards. D’ailleurs, nous vivons très bien, de loin mieux que la plupart des habitants de Kinshasa. Nos enfants sont contents. Ils mangent très bien, au point de choisir quel repas prendre. Ils ont le choix entre le fufu (patte de manioc), le riz, la chikwangue, les bananes, etc. Nous sommes à l’aise », affirme-t-elle. Abordant d’autres besoins sociaux, Maman Anto poursuit : «Ayant franchi l’étape difficile du début, nous nous réjouissons du fruit de notre travail. Ainsi, mes trois enfants sont scolarisés sans problème. Nous n’avons pas non plus de problème de logement, puisque nous avons notre propre maison, etc.».
Le même avis est partagé par Mr Asanzi Jacques de l’Association ‘Misala’ (travail). « Nous travaillons pour permettre à nos frères et sœurs de la ville de Kinshasa de bien manger, de la nourriture fraiche, mais aussi pour satisfaire nos besoins essentiels… Actuellement, notre association cultive du maïs et du manioc. Nous nous préparons à ajouter le haricot », a-t-il indiqué.
Guy-Marin Kamandji