09/03/2013 18:48 GMT
Par Stéphanie AGLIETTI
KINSHASA, 3 septembre 2013 (AFP) - A Goma, la principale ville de l'est de la République démocratique du Congo, la population reste inquiète après une semaine de combats entre l'armée et le M23, même si le recul des rebelles permet à la ville de souffler un peu.
Du 23 au 30 août, l'armée et la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (Monusco) ont lancé une série d'offensives musclées contre le Mouvement du 23 Mars (M23), parvenant à le déloger des collines d'où il menaçait Goma, et à repousser les rebelles jusqu'à Kibumba, à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu.
"Je suis rassuré", dit Olivier Bienda, menuisier, jugeant que la ville est désormais hors de portée des rebelles.
"Je suis allé à Kanyarucinya hier", précise-t-il parlant de sa localité d'origine, à 7 kilomètres au nord de Goma et où se trouvait il y a peu la ligne de front. "Je suis même allé vers les Trois Antennes", colline où ont eu lieu de violents combats, "j'ai vu des morts du M23". Il se dit rasséréné par l'équipement et la progression de l'armée et prévoit de retourner chez lui très prochainement.
Le souvenir de la chute de Goma, fin 2012, et de sa brève occupation par le M23 à l'issue d'une offensive éclair menée de Kibumba reste cependant bien présent dans la population.
Si malgré la pluie les boutiques sont ouvertes et les rues bondées, la retenue est de mise pour les habitants traumatisés. Pendant les derniers combats, plusieurs obus sont tombés sur Goma et ses alentours, faisant 13 morts, selon les autorités.
La rentrée scolaire retardée
Au collège "Institut Monseigneur Masimango", un des deux bâtiments a été touché par un obus qui n'a laissé qu'un seul mur debout, criblé d'impacts. L'explosion a tué une fillette et blessé deux personnes, raconte Eugène Mutabazi, directeur adjoint de l'école, devant les décombres.
La rentrée scolaire qui devait avoir lieu lundi a été retardée d'une semaine. Mais pour M. Mutabazi, elle semble compromise: "Les salles de classe encore debout (...) risquent de s'effondrer sur les enfants, car elles ont été endommagées, il y a des fissures un peu partout". De plus, des déplacés dorment la nuit dans l'école, ce qui peut "peut poser des problèmes sanitaires pour les enfants".
"Nous avons un peu peur de la situation actuelle", "il ne faut pas que les enfants aillent à l'école maintenant", estime Lupao, mère de quatre enfants, panier de haricots sous le bras, du côté de l'aéroport. "Ce n'est pas grave, ils rattraperont (le retard des cours) lors des congés de Noël".
Au marché de Majengo, les étals côté rue sont remplis, alors que ceux plus au fond restent désespérément vides. La ligne de front au nord de la ville coupe en effet une route d'approvisionnement importante.
"Beaucoup de marchandises ne passent plus", témoigne un habitant, au bord d'une route boueuse.
"Peu de gens m'apportent des habits", confirme une couturière dans sa petite boutique en bois. "Beaucoup de commerçants n'ont plus d'argent."
Un peu plus loin, Joseph, un étudiant en bâtiment de 18 ans, s'inquiète du renforcement militaire discret qu'a opéré le Rwanda voisin le long de sa frontière avec la RDC depuis jeudi. Ce pays est accusé par l'ONU de soutenir le M23, ce que Kigali a toujours démenti.
Le président rwandais Paul "Kagame a mis des militaires. Nous avons peur car lorsque le Rwanda combat avec le M23 contre les FARDC (l'armée congolaise), c'est nous qui souffrons", dit-il. "Le gouvernement congolais devrait renforcer ses militaires pour qu'ils puissent combattre", "le M23 a reculé mais il est toujours au Congo."
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