Le conflit qui oppose le mouvement de rébellion du 23 mars (M23) aux forces loyalistes depuis mai 2012 a profondément déstabilisé la province du Nord-Kivu. La récurrence des combats a forcé des milliers de personnes à se déplacer, en quête de plus de sécurité. Cet été, la recrudescence des violences a causé de nouveaux mouvements de population. Les civils affluent notamment vers 30 camps et 15 sites spontanés dans lesquels PU-AMI assure la coordination de l’aide humanitaire.
En août 2013, les affrontements meurtriers entre le M23 et l’Armée congolaise (FARDC) appuyée par la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) ont repris avec vigueur. Des tirs d’obus et de roquettes sur différents quartiers de Goma, la capitale du Nord-Kivu, ont provoqué un sentiment de panique généralisée au sein de la population. Selon le bulletin du Bureau de la coordination humanitaire des Nations Unies (OCHA) du 27 août 2013, ces combats ont fait une vingtaine de blessés et ont causé la mort d’au moins six personnes.
Le vacarme causé par les obus et les tirs était percevable jusqu’à Mugunga III, un camp se trouvant à 17 kilomètres de Goma et dans lequel PU-AMI apporte de l’aide aux plus vulnérables. Le 24 août, un obus tombé près de Mugunga III a terrorisé les habitants du camp, qui ont tenté de fuir vers Goma pour trouver refuge dans d’autres sites. Peu de temps après, un nouvel obus tombait sur Goma, faisant une victime de plus. La seule alternative pour les déplacés était alors de retourner dans le camp qu’ils venaient de quitter, qui leur offrait finalement plus de sécurité.
Cette escalade de violence a encore aggravé une situation humanitaire déjà alarmante, en particulier dans le sud de la province du Nord-Kivu, où se situent la plupart des sites accueillant les personnes déplacées. D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) et la Commission Mouvements de Population (CMP), la province du Nord-Kivu comptait à fin juillet 2013 près d’un million de déplacés internes sur une population totale d’environ six millions. Soit près de 20 % de la population.
Les déplacés, qui vivent pour la majorité de l’agriculture, n’ont plus accès à leurs terres et sont privés de fait de leurs moyens de subsistance. Dans les camps, les incidents dont ils sont victimes sont récurrents : tueries, vols, viols, enrôlement de force d’enfants pour en faire des soldats, incendies... Déjà vulnérables, ils sont contraints de payer des taxes et d’effectuer des travaux forcés pour les groupes armés qui contrôlent ces zones.
Malgré les vagues de violence qui ont secoué la région, les équipes de PU-AMI continuent de soutenir près de 334 500 civils répartis dans 30 camps et 15 sites spontanés, en y assurant la coordination de l’aide humanitaire. Leurs missions consistent à recenser les besoins de la population, mobiliser la communauté humanitaire pour y répondre et coordonner l’aide médicale, les distributions de vivres, ou encore les activités visant à rétablir l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. PU-AMI veille également à répertorier les cas de violation des droits humains et alerter les acteurs travaillant sur la protection des personnes dans ces camps. Par ailleurs, les équipes donnent les moyens aux déplacés de gagner en autonomie. Ils sont par exemple formés à effectuer les travaux nécessaires en matière d’accès à l’eau, d’assainissement et d’hygiène, et reçoivent les outils adéquats. La situation étant très instable, ces activités visent à ce que les communautés soient en mesure de subvenir à leurs besoins si jamais elles étaient amenées à se déplacer de nouveau. Car leurs conditions de vie se dégradent au gré des tensions, alors que la mobilisation de la communauté internationale et les moyens déployés pour leur venir en aide s’essoufflent.