Bukavu, RD Congo | AFP | vendredi 27/02/2015 - 11:19 GMT
Des déplacés ont commencé à rentrer à Mulenge, dans l'est de la République démocratique du Congo, après que l'armée y a terminé son offensive contre des rebelles hutus rwandais, ont indiqué des habitants de la région.
"Les habitants de Mulenge", localité du sud de la province du Sud-Kivu de quelque 10.000 habitants, "qui étaient réfugiés ici à Lemera et ses environs", à une trentaine de kilomètres de Mulenge, "ont commencé à rentrer" depuis jeudi soir, a précisé à l'AFP un habitant de Lemera.
On ignore combien de gens précisément étaient concernés mais un responsable d'association de Lemera a évoqué "plusieurs centaines" de personnes rentrant chez elles.
Selon un autre habitant de la zone, "la situation continue d'évoluer positivement sur le plan sécuritaire et les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ont commencé à demander à la population déplacée de rentrer chez elle".
Jeudi, un officier de l'armée sur le front avait dit que les FARDC avaient repris Mulenge et des villages environnants. Il a ajouté que l'armée poursuivait les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) "dans les grandes forêts" où ils "se sont retranchés".
Les troupes régulières ont déclenché mardi, sans l'appui des Casques bleus, une offensive au Sud-Kivu contre les FDLR, dont des chefs sont accusés d'avoir participé au génocide contre les Tutsi en 1994 au Rwanda, qui fit quelque 800.000 morts selon l'ONU.
Les affrontements ont provoqué la fuite des habitants de Mulenge, vers Katala et Mushegereza où ils ont trouvé refuge dans des familles d'accueil, des écoles primaires ou une église.
L'opération de mardi est la première signalée depuis que l'armée avait annoncé, le 29 janvier, le lancement d'une offensive contre les FDLR, auteurs de graves exactions contre les civils congolais (meurtres, viols, enrôlement d'enfants, pillages...) et qui se livrent à de lucratifs trafic de bois et d'or.
Mardi soir, l'armée avait indiqué avoir repris une importante position des FDLR et tué trois rebelles. Depuis, aucun bilan n'a officiellement été communiqué.
La Mission de l'ONU (Monusco) avait promis un soutien logistique, stratégique et opérationnel à l'offensive de l'armée, mais elle l'a retiré quand Kinshasa a refusé de changer deux généraux, Bruno Mandevu et Sikabwe Fall, chargés de piloter des attaques au Nord-Kivu.
Dénonçant un chantage, Kinshasa a décidé de renoncer à l'aide de l'ONU mais, selon la Monusco, le dialogue se poursuit pour trouver un terrain d'entente.
La Monusco soupçonne les deux généraux de graves violations des droits de l'homme. Jeudi, son numéro 2, le général Abdallah Wafy, en fin de mandat, a précisé que le général Fall pourrait être lié à la mort du chef rebelle Paul Sadala, alias "Morgan".
Ce milicien a perdu la vie dans des circonstances troubles en avril alors qu'il avait fait reddition avec une quarantaine d'hommes et que l'armée les escortait vers Bunia, district de l'Ituri, en Province-Orientale (Nord-Est), limitrophe de l'Ouganda.
"Le général Sikabwe était commandant de l'Ituri quand Morgan s'est rendu (...) Si la justice militaire congolaise se saisit du dossier et s'il s'avère que Fall n'est pas responsable [du drame], nous nous inclinons. Mais si [on prouve] son implication, qu'il soit jugé et soit condamné", a insisté le général Wafy.
Il n'a pas évoqué les accusations pesant sur le général Mandevu.
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