Goma, le 10 décembre 2012 – Faute de place, plusieurs écoles de Goma sont squattées depuis trois semaines par des déplacés qui ont fui le camp de Kanyaruchinya – au nord de Goma – suite aux combats qui ont opposé l’armée congolaise aux rebelles du M23. Où la débrouille, suite à l’insuffisance d’aide humanitaire en vivres, est élue domicile.
″Nous nous réveillons très tôt le matin pour laisser place aux élèves″, explique Béatrice Rukundo, une déplacée de guerre qui squatte l’école primaire Ushindi, au nord de Goma. Cette mère de sept enfants a fui le camp de Kanyaruchinya en novembre dernier lors des combats qui ont opposé l’armée de la République démocratique du Congo aux rebelles du M23 pour le contrôle de Goma. ″Nous avons faim, ajoute-t-elle. Nous avons vraiment besoin de l’aide, insiste-t-elle.″
Pour répondre, tant soit peu, à ce besoin, Caritas Goma a procédé, vendredi dernier, à la distribution des vivres à quelque 785 ménages enregistrés dans trois écoles au nord de Goma grâce au financement de CAFOD (Caritas d’Angleterre et du Pays de Galles). Chaque famille a reçu 25 kg de farine de maïs, 5 kg de haricot, 5 l d’huile et 1 kg de sel. Au même moment, depuis vendredi dernier jusqu’à ce lundi, CRS (Caritas des Etats-Unis) et Caritas Goma donnent aussi des vivres aux déplacés dans les trois camps de Mugunga et celui du Lac Vert, à la périphérie ouest de la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Béatrice souhaite retourner à Kibumba, sa zone d’origine située à 25 km au nord de Goma. Mais, elle précise : ″Je ne peux pas y retourner comme certains de mes voisins puisque ma maison a été complètement démolie par des obus qui s’abattaient sur le village.″ Entassée avec sa famille et d’autres déplacés dans une salle de classe où la vie est exempte de toute intimité, Béatrice prie pour recouvrer sa dignité et reconstruire sa maison.
En squattant des écoles, les déplacés de guerre rendent encore difficile une situation déjà précaire. En septembre dernier, l’UNICEF prévenait que près de 60 000 enfants pourraient ne pas avoir accès à leurs écoles le jour de la rentrée scolaire puisque 258 écoles étaient squattées, démolies ou incendiées. Organiser des enseignements dans une école improvisé à un camp de déplacés est un casse-tête pour les responsables des écoles.
Avec cette situation : des écoles, soit squattées par des déplacés ne sachant où mettre le pied, soit démolies, soit encore incendiées, les jeunes sont, non seulement exposés au vagabondage, mais aussi au recrutement forcé par les groupes armés dans cette région qui grouille de milices.[303/2012]
Cellule de Communication/Caritas Goma