Au cours des sept derniers mois, plus de 500.000 personnes ont été contraintes de s’enfuir dans la province du Nord-Kivu en raison de l’avancée des rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) et des combats qui leur ont permis le mois dernier de s’emparer du chef-lieu Goma. Ce chiffre a été diffusé par le Haut commissariat aux Réfugiés (Hcr) de l’Onu, qui a précisé que le nombre total des déplacés s’élève autour de 914.000 alors que 19 camps d’accueil ont été installés dans le chef-lieu de la province, la plupart dans des écoles, des églises et des missions. Un seul est géré par les autorités congolaises.
Les enfants sont ceux qui paient le plus lourd tribut à cette recrudescence des violences depuis avril dernier : 750 d’entre eux ont perdu leur famille dans la fuite désorganisée de leurs villages attaqués ou pendant l’avancée des rebelles en direction de Goma, a annoncé la représentante locale du Fonds de l’Onu pour l’enfance (Unicef), Nno Zicherman, avant de préciser que seuls 84 d’entre eux ont pu retrouver leurs parents. L’accueil fourni par les familles riveraines de Goma et de la région joue un rôle déterminant dans la chaîne de solidarité et, selon l’Unicef, a permis de loger 80% des déplacés.
En dépit d’une trêve dans les combats suite au repli du M23 de Goma le 1er décembre dernier, seuls 27.000 déplacés ont jusque là essayé de rentrer dans leurs villages d’origine en territoire de Rutshuru. Mais la plupart d’entre eux sont le plus souvent obligés de revenir sur leurs pas, dans la mesure où leurs maisons ont été entièrement pillées voire incendiées.
Après l’engagement pris par le M23 dans le cadre de la médiation négociée par les pays des Grands Lacs, les miliciens se sont retirés à une douzaine de kilomètres de Goma, dans la localité de Kanyaruchinya. Cependant, les accords passés avec le gouvernement congolais prévoyaient un recul d’une vingtaine de kilomètres. Selon Radio Okapi, les préoccupations pour les populations du Nord-Kivu portent désormais depuis quelques heures sur la présence de troupes rwandaises en territoire congolais. Des sources locales ont indiqué que des militaires envoyés par Kigali seraient arrivés dans des camions lourdement armés aux postes-frontières de Kasizi et de Kanyanja, au nord de Goma. D’autres soldats rwandais auraient été aperçus à Mudja et Kibati. La société civile du Nord-Kivu a déjà annoncé la fuite de civils à Mudja et Rusayo en direction de Goma.
Un Mécanisme conjoint de contrôle des frontières est actif dans la région depuis quelques temps entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, bien qu’il ne soit en mesure d’organiser des recherches qu’à la demande de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (Cirgl), engagée depuis samedi dernier à Kampala dans les négociations entreprises par le M23 et Kinshasa. Toujours en Ouganda, à Entebe, les représentants de la société civile du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la Province Orientale sont à leur tour réunis depuis jeudi pour trouver des solutions aux « guerres de l’Est ». Des avocats, médecins et religieux se sont proposés d’élaborer un document censé aider les protagonistes des colloques de Kampala à trouver des solutions « durables » à la crise dans l’Est congolais, indique Radio Okapi. « Comment voulez-vous que dans des négociations comme celle de Kampala, les acteurs politiques perdent toute une journée à s’insulter alors que nous n’avons pas de temps à perdre !», s’est exclamé l’analyste politique Ka Mana à l’inauguration de la réunion d’Entebe.
(VV/CN)