Les acteurs humanitaires gardent un œil vigilant sur les conséquences humanitaires des opérations en cours au Nord-Kivu et Sud-Kivu
La communauté humanitaire suit avec attention les développements de la situation humanitaire à la suite de l’offensive lancée la semaine dernière contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans les provinces du NordKivu et du Sud-Kivu. Dans les Hauts et Moyens Plateaux d’Uvira dans le Sud-Kivu et dans la périphérie du parc de la Virunga dans le Nord-Kivu, les premières estimations font état de plusieurs centaines de ménages déplacés, dont la vaste majorité a été du type préventif. Au Sud-Kivu, les familles déplacées se seraient installées dans des écoles, églises et au sein de familles d’accueil ; de nombreuses écoles ont fermé leurs portes dans les zones des opérations. Des mouvements de retour dont l’ampleur n’est pas encore connue, sont déjà constatés sur le terrain.
La communauté humanitaire appelle les parties au conflit à poser nettement un distinguo entre les cibles militaires et les populations civiles.
Le choléra s’installe durablement au Katanga : plus de 30 000 cas au cours de 3 dernières années.
Depuis plusieurs années, le choléra est un boulet que le Katanga n’arrive pas à s’en débarrasser, et ces trois dernières années n’ont pas dérogé a cette triste réalité. De près de 7 000 cas en 2012, on est passé à plus de 9 000 cas en 2014 après un pic de près de 14 000 cas en 2013, année où la province avait enregistré à elle seule la moitié de cas rapportés sur l’ensemble du pays. La maladie a causé au cours de cette période la mort de 843 personnes dans la province. En 2013,
Lubumbashi, chef-lieu de la province, avait enregistré près de 50% des cas de la province.
Malgré les efforts des experts impliqués dans la lutte, l’épidémie a du mal à reculer en raison de nombreux facteurs, notamment le pauvre accès a l’eau potable et des installations hygiénique ; une grande méconnaissance des règles d’hygiène ; une faiblesse du système sanitaire (faiblesse dans la collecte des statistiques ; personnel soignant peu nombreux et mal forme). L’absence de partenaire dans la prise en charge et la prévention par manque de financement dans certaines zones. Par ailleurs, l’arrivée à échéance de certains projets humanitaires pourrait représenter un pas en arrière dans la lutte contre l’épidémie.
2015 démarre sur une mauvaise base. 15 zones de santé ont déjà notifié plus de 1 520 cas dont 35 décès au cours de sept premières semaines de cette année. 30% de ces cas proviennent de la seule zone de santé de Mufunga Sampwe, Territoire de Mitwaba. Dans d’autres zones de santé telles que Bukama, Butumba, Kabondo Dianda et Kikondja inquiètent. Selon l’Organisation mondiale de la santé, si la tendance actuelle persiste, 2015 pourrait avoisiner la situation de 2013. Plusieurs zones de santé restent souvent silencieuses.
La pluie est aussi un facteur aggravant. Depuis le début de l’année, plusieurs zones ont été affectées par des inondations dues à l’abondance des pluies. Des latrines inondées souillent les puits, rivières et autres sources. Les intempéries dégradent les routes et limitent l’accès, rendant difficile la supervision des activités dans certaines zones de santé.
Entre 2013 et 2014, le financement de la lutte a permis la mise en place des sites de chloration d’eau, la désinfection des ménages, la prise en charge médicale à travers les centres de traitement des hôpitaux, le renforcement de la résilience des populations vulnérables aux maladies hydriques, la construction des latrines familiales, l’organisation des séances de sensibilisation sur les bonnes pratiques d’hygiène et assainissement, etc. Cependant, le Katanga a besoin de financements supplémentaires pour lutter durablement contre le choléra.
L’urgence actuelle est de renforcer la surveillance épidémiologique et le système d’alerte précoce, de préparer les zones de santé à faire face aux épidémies prochaines et aux cas sporadiques qui pourront survenir en cette saison de pluies dans les zones endémo épidémiques ; et de poursuivre les activités de prévention sur le terrain. Les zones les plus affectées et à haut risque qui méritent une attention particulière restent le Haut-Katanga, Mitwaba, le Tanganyika (Moba, Manono et Kalemie).
Mais tout cela est rendu difficile par les mouvements incessants de population. Le Katanga compte quelque 550 000 personnes déplacées internes.
L’accès insuffisant à l’eau reste la principale cause du choléra. Au Katanga, moins de 35% des ménages ont accès à l’eau potable et à peine 5% utilisent des toilettes améliorées.
Un Plan stratégique multisectoriel d’élimination du choléra en RDC pour la période 2013 – 2017 a été élaboré et sa mise en œuvre effective nécessite 157 millions de dollars américains pour mener des actions sur cinq axes : le renforcement des mesures de prévention ; la mise en place d’interventions ciblées liées à l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et l’assainissement ; la prise en charge médicale des cas ; le renforcement de la coordination et de la communication autour de la lutte contre le choléra.