Goma, RD Congo | AFP | mardi 05/05/2015 - 22:52 GMT
Deux soldats de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monusco) ont été tués mardi dans une embuscade tendue dans le territoire de Beni, dans l'est du pays, où de violents combat opposent l'armée à des rebelles ougandais.
"C'est avec tristesse et colère que je viens d'apprendre le décès de Casques bleus dans une embuscade près de Béni", un grand carrefour commercial situé dans le nord de la province troublée du Nord-Kivu, a annoncé le chef de la Monusco, Martin Kobler, sur son compte Twitter, sans préciser le nombre de soldats tués.
Interrogé par l'AFP, M. Kobler a déclaré qu'il "condamnait fermement ces attaques contre les Casques bleus", sans pouvoir donner de bilan. Un porte-parole de la Monusco a pour sa part indiqué à l'AFP qu'"on confirme deux morts" mais que le nombre précis de blessés reste inconnu.
L'administrateur du territoire de Beni, Amisi Kalonda, a donné un bilan de "deux morts" et souligné que l'"attaque" a ciblé un "convoi de soldats tanzaniens tombé dans une embuscade tendue par l'ennemi, l'ADF", les rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées.
Dans un autre tweet, en anglais cette fois, M. Kobler a rendu hommage aux "soldats de la paix tanzaniens qui sont morts", promettant que la "Monusco va mener des opérations offensives robustes" dans la région où s'est déroulée l'attaque.
Les soldats tanzaniens appartiennent aux quelque 3.000 hommes de la brigade d'intervention de la Monusco - également composée de Sud-Africains et de Malawites -, chargée de lutter contre les dizaines de groupes armés locaux et étrangers actifs dans l'est de la RDC.
Ces groupes armés, parfois actifs depuis 20 ans, s'affrontent pour des raisons foncières, ethniques ou pour le contrôle des nombreuses richesses dont regorge l'est du pays (minerais, bois...). Certains sont accusés de graves exactions (meurtres, viols, enrôlement d'enfants...) contre les civils..
Dans un communiqué publié dans la nuit de mardi, la Monusco précise que l'unité de Tanzaniens est "tombée dans une embuscade sur l'axe Mavivi-Mayimoya, au village Kikiki situé à 11 km au sud d'Eringeti". Dans cette région, l'armée affronte des rebelles de l'ADF depuis dimanche.
L'armée a fait état mardi de "16 morts côté rebelles et de 4 morts et deux blessés côté FARDC (armée)". La société civile du territoire de Beni n'a pas de chiffre quant aux pertes chez les rebelles, mais affirme que l'armée a essuyé de lourdes pertes: "28 morts parmi les FARDC, 22 blessés, 8 capturés".
"La situation est tellement grave qu'elle devrait interpeller les autorités à tous les niveaux. (...) Les rebelles s'attaquent aux FARDC de façon bien organisée. Ils ont saisi des tenues, des bottes, des armes... On sent qu'ils se sont vraiment ravitaillés en équipement militaire", poursuit cette source.
Lundi soir, M. Kobler avait condamné "fermement le fait que l'on ait tiré sur l'un de nos hélicoptères dans le territoire de Beni", forçant l'appareil, qui transportait le commandant de la force onusienne, à se poser en "urgence". L'attaque était attribuée à des "hommes armés non identifiés".
"Cette attaque ciblée contre le personnel des Nations unies est inacceptable et intolérable. Nous ne serons pas découragés dans notre (mandat de) protection active des civils. Les assaillants seront poursuivis avec le maximum d'efforts et le minimum de tolérance", avait affirmé M. Kobler.
M. Kobler estime que ces deux attaques en 48 heures révèlent "l'impérieuse nécessité de relancer la coopération entre les FARDC et la Force de la Monusco pour la sécurisation du territoire de Beni", alors que les armées sont en froid depuis un différend sur la manière de neutraliser les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda.
D'octobre à décembre, plus de 260 personnes, pour l'essentiel des civils (hommes, femmes et enfants), ont été tuées, pour la plupart à l'arme blanche, dans la ville de Beni et ses environs dans une succession de massacres attribués aux rebelles musulmans ougandais de l'ADF.
En décembre, une opération conjointe de l'armée congolaise et de la Monusco avait contribué à ramener le calme mais les tueries n'ont pas cessé totalement et se sont étendues à des zones limitrophes de la Province-Orientale au tournant de l'année.
Depuis le 1er janvier, soixante personnes au moins ont ainsi péri dans des attaques similaires dans le territoire de Beni ou en Province-Orientale.
Les ADF sont présentes depuis 1995 dans l'Est congolais, où elles sont accusées de graves exactions contre les civils (meurtres, enrôlement d'enfants, pillages...) et de se livrer à un juteux trafic de bois.
L'armée congolaise a annoncé que, dans la nuit du 24 au 25 avril, ses hommes avaient abattu Kasada Karume, numéro trois de l'ADF. Selon le journal ougandais New Vision, le chef de la rébellion, Jamil Mukulu, aurait été arrêté fin avril en Tanzanie.
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