Au cours de ma mission sur le terrain dans la zone de santé de Mbanza Ngungu dans la province du Kongo Central, j’ai pu rencontrer des dizaines de mamans, à la fois dans les zones urbaines et les zones rurales.
Aucune d’entre elles n’est informée à l’avance de mon arrivée. Partout je pose la même question: « Avez-vous reçu un kit familial ? ». A chaque fois, je reçois une réponse positive. Pour ajouter le geste à la parole, les mamans me montrent spontanément leur kit familial, un sachet contenant des médicaments de base.
En un an, le kit est devenu un objet dont tout le monde parle dans la zone de santé de Mbanza Ngungu.
Je suis à Mbanza Ngungu pour l’enregistrement de quelques reportages vidéo. Mon collègue Charles du bureau provincial de l’UNICEF au Kongo Central, notre journaliste vidéo et moi-même sommes là pour ce qu’on appelle de manière un peu barbare, le Cadre d’accélération des OMD 4 et 5.
C’est en fait tout simplement un programme lancé par le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) fin 2013 avec le soutien de l’UNICEF pour accélérer la réduction de la mortalité infantile et maternelle.
L’idée est de pallier au mauvais état et à la cherté du système de santé de la RDC en permettant aux familles de réaliser, à la maison, les premiers soins de leurs enfants souffrant par exemple de diarrhée ou de fièvre.
Mon collègue Charles s’amuse souvent avec les mères pour tester leur niveau d’appropriation et de connaissance du kit familial. Alors qu’il sort une tablette de médicaments contre la fièvre, il demande : « Donc, ceci est une tablette de zinc que vous donnez à votre enfant quand il a la diarrhée ? ». Mais aucune mère ne se laisse prendre au piège : « Non, le zinc, c’est l’autre tablette ». Charles confirme.
Je suis impressionné par l’impact du programme ici à Mbanza Ngungu: toutes les mères ont leur kit à portée de main et elles semblent bien savoir comment l’utiliser.
Les agents de santé du village et du quartier font vraiment du bon travail. Mais heureusement qu’ils sont appuyés par les relais communautaire. Ce sont eux qui sont chargés de distribuer les kits familiaux dans leur quartier et de conseiller les mères dans les quelques 40 familles qu’ils suivent.
J’ai rencontré Charlotte, l’une d’entre eux : elle m’a affirmé être particulièrement heureuse qu’il n’y ait plus eu, l’année écoulée, dans son quartier, de cas de mortalité infantile.
Chaque kit familial contient aussi une fiche qui garantit un accès au centre de santé à tarif réduit : 1 000 francs congolais (environ 1USD) au lieu de 4 500 francs congolais (environ 4,5 USD).
Chaque famille peut ainsi se permettre, lorsque le cas s’aggrave, d’obtenir pour leurs enfants malades, une consultation et des soins appropriés. Le kit familial est une innovation mondiale, développée ici en République démocratique du Congo.
Son, infirmier en chef dans une zone rurale, est lui aussi enthousiaste au sujet du programme. Il souligne à son tour le niveau remarquable d’appropriation du programme par les villageois et leur souhait de le voir se prolonger.
Quand Charles émet la possibilité que l’UNICEF mette fin au programme, les villageois protestent: « Non, nous voulons que le programme continue parce qu’il nous permet de traiter de manière efficace nos enfants malades et assure que nos femmes enceintes soient suivies tout au long de leur grossesse ».
Charles les rassure. Le programme continuera. Fort de l’expérience acquise à Mbanza Ngungu, le gouvernement congolais et l’UNICEF ont même décidé d’élargir le programme aux autres provinces du pays, et ce en coopération avec la Banque mondiale, le Fonds mondial, Gavi et entre autre grâce à l’appui de l’Union Européenne et de la coopération suédoise.
La République démocratique du Congo a connu entre 2007 et 2014 une réduction remarquable du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans de 148 à 104 pour mille naissances vivantes.
Le Cadre d’accélération des OMD 4 & 5, c’est l’espoir que cette tendance positive se renforce et profite à tous les enfants de RDC.